Yces H.
(Yves Huppen)

[contacté par Peter D'Herdt]
Albums de Yves H. (1977, België) :
Bois-Maury (scénario pour Hermann, tome 12-13, collection Vécu, Glénat)Liens de Sang (scénario pour Hermann, collection Signé, Lombard)Manhattan Beach 1957 (scénario pour Hermann, collection Signé, Lombard)The Girl from Ipanema (scénario pour Hermann, collection Signé, Lombard)Le Secret des Hommes Chiens (co-auteur Hermann, Dupuis)Sur les Traces de Dracula (scénario pour Hermann/Séra/Dany, Casterman)Zhong Guo (scénario pour Hermann, collection Aire Libre, Dupuis).

Site web : www.hermannhuppen.com
Qu'est-ce qui rend Franquin si extraordinaire ?
Franquin, c'est avant tout un style d'une richesse inouïe et un trait inimitable et reconnaissable entre tous. Il est l'auteur qui, selon moi, incarne le mieux la grande école du journal Spirou à laquelle il a donné ses lettres de noblesse. Il a su mieux que ses pairs imprimer au style « gros nez » fantaisie et truculence et marier un humour délirant avec une touche de poésie sincère et touchante.
Comment avez-vous fait connaissance avec Franquin ou ses albums ? Quels sont votre premiers souvenirs de lui ? Avez-vous eu des contacts personnels ?
Oui, j'ai eu la chance de le rencontrer personnellement lorsque j'étais gamin. Au risque de faire des jaloux, j'ai même eu l'immense privilège de recevoir trois superbes dessins originaux signés de sa main. Cependant, je reste persuadé qu'un auteur se dévoile bien plus à travers sa production qu'à la lumière d'une rencontre. Et Franquin ne fait pas exception à la règle. Ainsi, mon premier véritable contact avec Franquin date de la lecture d’un Gaston Lagaffe recommandé chaleureusement par mon père. Après l'avoir ouvert quelque peu à contrecœur, son trait ébouriffé était sans doute un peu complexe pour mes jeunes yeux, je ne résistai pas longtemps à l’envie d'en lire d'autres. Au point de ne cesser de les lire durant toute ma jeunesse jusqu’à la dislocation complète de ma collection.
Quel(le) est votre album, aventure, gag ou personnage préférée de Franquin et pourquoi ?
Aujourd'hui, malgré mon attachement à Spirou et Fantasio ainsi qu’à Gaston Lagaffe, les Idées Noires est sans doute l'album le plus abouti le plus personnel de Franquin. On y rencontre non seulement l’auteur au sommet de son art mais aussi sa part d’ombre qui allait peu à peu l’entraîner vers le crépuscule de sa carrière. En cela, les Idées Noires sont en quelque sorte le testament artistique que nous a légué Franquin. A ce titre, il est son album le plus prenant et le plus émouvant. Il est enfin un des véritables chefs d'œuvre de la BD.
Franquin a-t-il influencé quelque part votre style, votre manière de travailler ?
Assez étonnamment, non. Ou alors de manière tellement ténue et indirecte que je suis incapable de l'appréhender consciemment.

Quel est selon vous l'impact de Franquin au monde de BD présent ?
Aujourd'hui, avec la montée de l’influence des mangas et de la BD américaine conjuguée avec le recul de l'école de Spirou, il semble que son impact se soit un peu dilué dans la production actuelle. Que cela ne nous fasse pas oublier combien il a contribué à faire évoluer la BD humoristique durant toute sa carrière et bien après. Et même si son influence paraît ne plus être très « tangible », il ne faudrait pas trop vite conclure que Franquin a fait son temps. Il est heureusement indémodable et il suffirait que le vent tourne à nouveau pour qu’on constate qu'il n’avait finalement jamais quitté les esprits de ceux qui font la BD ou la lisent.