Serge
Ernst

[contacté par Wouter Porteman]
Albums de Serge Ernst (1954, Belgique) :
Les Cases de l'Oncle Ernst (collection Editions du Taupinambour, Le Coffre à BD)Ciel, Mon Paris! (Editions de la Sablière)Clin d'Œil (8 albums, Collection "Phylactère" (tome 1-7) + Les Meilleurs Gags, Lombard)L'Europe en Douce (Editions de la Sablière)William Lapoire (4 albums, Collection "Phylactère" (tome 1-3), Lombard)Les Zappeurs (scénario de Jean-Louis Janssens (tome 9-13), 13 albums, Dupuis)Zapping Generation (scénario de Jean-Louis Janssens, 2 albums, Dupuis).

Site web : www.bestofverviers.be/ernst.htm perso.orange.fr/ernst.bd.zappeurs
Qu'est-ce qui rend Franquin si extraordinaire ?
Vous savez, vous demandez à TOUS les auteurs de BD de nommer leurs "maîtres", ils citeront tous au moins un de ces auteurs si pas tous : Franquin, Hergé, Gir, Tillieux, Uderzo. Je pense que ces auteurs ont quelque chose d'indéfinissable qu'on appellera le talent ou mieux : le génie, et qui fait qu'ils sont placés au firmament du 9e art. Et que l'on ne peut malheureusement pas expliquer, car si nous le savions, nous serions tous millionnaires...
Leurs œuvres sont celles que l'on relit régulièrement, d'une manière récurrente, sans lassitude et sans impression de répétition, contrairement à d'autres BD qui nous plaisent peut-être à l'achat, mais que l'on ne relit jamais...
Le génie qui habitait Franquin est quelque chose d'indéfinissable, d'inexplicable, d'au-dessus de la norme, certains diront de divin...
Comment avez-vous fait connaissance avec Franquin ou ses albums ? Quels sont votre premiers souvenirs de lui ? Avez-vous eu des contacts personnels ?
La première fois que je l'ai vu, c'était au Salon du Livre à Bruxelles, j'étais débutant et je me promenais avec mon carton à dessin sous le bras en vue de montrer mes premières planches de BD à un professionnel, puis j'ai vu autour d'une table de la buvette du salon Franquin, Roba, Jijé, Morris... Je croyais rêver... J'ai osé m'approcher de la table et Franquin a été le seul à me regarder arriver, il m'a fait un sourire, et cela m'a mis en confiance pour lui montrer mes dessins. Il m'a consacré une bonne dizaine de minutes alors qu'il était en train de passer un bon moment avec ses collègues, après coup, j'ai un peu honte de l'avoir dérangé.
En rentrant chez moi, j'ai fait un petit dessin que je lui ai envoyé pour le remercier, et il m'a répondu en m'envoyant également un dessin original d'un petit monstre en couleurs... Une merveille qui trône dans mon atelier depuis plus de 30 ans !
Puis une autre fois, quelques années plus tard, il est venu à Verviers pour une dédicace, c'était la ville où j'habitais à l'époque, et l'organisateur nous a invités, Didgé et moi au repas du soir au restaurant en compagnie de Franquin. C'était une sorte de consécration : partager un repas de FRANQUIN ! Cela s'est reproduit une deuxième fois quelques années plus tard.
De grands moments inoubliables pour les petits débutants que nous étions.
Quel(le) est votre album, aventure, gag ou personnage préférée de Franquin et pourquoi ?
Personnellement, j'aime beaucoup le côté graphique de QRN sur Bretzelburg, mais j'ai une prédilection toute particulière pour les gags de Gaston Lagaffe, ce doit être mon côté "gagman" qui dicte ma préférence. Je suis époustouflé par la mécanique tellement bien huilée du déroulement du gag, les mises en valeurs des moindres détails, même anodins... C'est un délice pour les yeux et l'esprit.
Franquin a-t-il influencé quelque part votre style, votre manière de travailler ?
OUI ! Sans conteste. Je ne peux pas mieux dire !
Quel est selon vous l'impact de Franquin au monde de BD présent ?
Je pense qu'il a malheureusement moins d'impact, car les lecteurs d'aujourd'hui se tournent vers les mangas qu'ils ont commencé à voir à la télé durant leur jeunesse. Moi, j'ai été biberonné aux héros de l'école belge, car je n'avais pas la télé avant mes 18 ans. Et ma culture, c'est Spirou, Tintin, Astérix,...