|
Qu'est-ce
qui rend Franquin si extraordinaire ?
Un vrai libertaire, mais gentil, pas hargneux. Comme
le Marsupilami... Un dessin extraordinaire de mouvement, de
précision, très souvent copié, mais jamais
égalé. Franquin était un vrai pacifiste,
qui dénonçait, par la poésie et l'humour,
la bêtise de ce monde. Et comme Astérix
(de l'époque où Goscinny était
encore là, bien entendu), les albums de Franquin ont
plusieurs niveaux de lectures, ce qui les rend aussi intéressants
pour des enfants que des adultes. Franquin était un
grand dépressif, et on avait l'impression que le dessin
lui servait à tenter d'expier par le rire et la tendresse
toute ce mal-être qu'il avait en lui. Mais sans jamais
être dupe... |
Comment
avez-vous fait connaissance avec Franquin ou ses albums ?
Quels sont votre premiers souvenirs de lui ? Avez-vous eu
des contacts personnels ?
Je
ne l'ai jamais connu, malheureusement, car il est mort alors
que je débutais dans le métier... J'ai fait
sa connaissance par les albums de Gaston, en étant
enfant. Comme j'étais d'un naturel assez fainéant
à l'époque, je m'identifiais totalement au personnage
! |
Quel(le)
est votre album, aventure, gag ou personnage préférée
de Franquin et pourquoi ?
Trois
albums : Un Gaffeur Sachant Gaffer, parce que c'est
le premier que j'ai eu et je l'ai lu des centaines de fois.
Je me souviens notamment de ce gag terrifiant où Gaston
s'envole avec sa boule bondissante, jusque dans les cieux.
On pourrait faire une analyse freudienne de ce gag et ce serait
passionnant !
Ensuite, un Spirou : QRN sur Bretzelburg.
C'est le seul Spirou que j'avais quand j'étais
petit (ma mère étant anglaise, la BD n'est pas
dans sa culture et elle m'en achetait très peu...).
Je peux le relire aujourd'hui avec la même passion et
ça a toujours la même force politique.
Et puis, cerise sur le gâteau, son chef-d'œuvre
absolu : les Idées Noires. Pour moi, c'est
le vrai Franquin, sans fard. Une merveille, sans un seul défaut. |
Franquin
a-t-il influencé quelque part votre style, votre manière
de travailler ?
Oui,
puisque, comme je l'ai dit plus haut, je lisais très
peu de BD, et j'adorais le dessin humoristique, "rigolo
avec du fond". Franquin aurait fait un grand dessinateur
de presse. |
Quel
est selon vous l'impact de Franquin au monde de BD présent
?
Enorme, en bien et en mal. En mal, parce qu'il
y en a tant qui essaient de faire du Franquin en pensant
qu'il suffit de dessiner des gros nez pour y arriver. En
bien, parce qu'il a, en compagnie d'Hergé,
Uderzo/Goscinny, Morris
et quelques autres, construit "l'âge d'or de
la BD" dont tous les auteurs d'aujourd'hui sont, consciemment
ou non, tributaires. Moi le premier.
|
|
|
|