Nicolas
Vadot

[contacté par Peter D'Herdt]
Albums de Nicolas Vadot (1971, Angleterre) :
Norbert, l'Imaginaire
(scénario de Olivier Guéret, 3 albums, collection Troisième Degré, Lombard) 80 Jours (scénario de Olivier Guéret, Lombard).

Site web : www.nicolasvadot.com
Qu'est-ce qui rend Franquin si extraordinaire ?
Un vrai libertaire, mais gentil, pas hargneux. Comme le Marsupilami... Un dessin extraordinaire de mouvement, de précision, très souvent copié, mais jamais égalé. Franquin était un vrai pacifiste, qui dénonçait, par la poésie et l'humour, la bêtise de ce monde. Et comme Astérix (de l'époque où Goscinny était encore là, bien entendu), les albums de Franquin ont plusieurs niveaux de lectures, ce qui les rend aussi intéressants pour des enfants que des adultes. Franquin était un grand dépressif, et on avait l'impression que le dessin lui servait à tenter d'expier par le rire et la tendresse toute ce mal-être qu'il avait en lui. Mais sans jamais être dupe...
Comment avez-vous fait connaissance avec Franquin ou ses albums ? Quels sont votre premiers souvenirs de lui ? Avez-vous eu des contacts personnels ?
Je ne l'ai jamais connu, malheureusement, car il est mort alors que je débutais dans le métier... J'ai fait sa connaissance par les albums de Gaston, en étant enfant. Comme j'étais d'un naturel assez fainéant à l'époque, je m'identifiais totalement au personnage !
Quel(le) est votre album, aventure, gag ou personnage préférée de Franquin et pourquoi ?
Trois albums : Un Gaffeur Sachant Gaffer, parce que c'est le premier que j'ai eu et je l'ai lu des centaines de fois. Je me souviens notamment de ce gag terrifiant où Gaston s'envole avec sa boule bondissante, jusque dans les cieux. On pourrait faire une analyse freudienne de ce gag et ce serait passionnant !
Ensuite, un Spirou : QRN sur Bretzelburg. C'est le seul Spirou que j'avais quand j'étais petit (ma mère étant anglaise, la BD n'est pas dans sa culture et elle m'en achetait très peu...). Je peux le relire aujourd'hui avec la même passion et ça a toujours la même force politique.
Et puis, cerise sur le gâteau, son chef-d'œuvre absolu : les Idées Noires. Pour moi, c'est le vrai Franquin, sans fard. Une merveille, sans un seul défaut.
Franquin a-t-il influencé quelque part votre style, votre manière de travailler ?
Oui, puisque, comme je l'ai dit plus haut, je lisais très peu de BD, et j'adorais le dessin humoristique, "rigolo avec du fond". Franquin aurait fait un grand dessinateur de presse.

Quel est selon vous l'impact de Franquin au monde de BD présent ?
Enorme, en bien et en mal. En mal, parce qu'il y en a tant qui essaient de faire du Franquin en pensant qu'il suffit de dessiner des gros nez pour y arriver. En bien, parce qu'il a, en compagnie d'Hergé, Uderzo/Goscinny, Morris et quelques autres, construit "l'âge d'or de la BD" dont tous les auteurs d'aujourd'hui sont, consciemment ou non, tributaires. Moi le premier.