Mathieu
Reynès

[contacté par Wouter Porteman]
Albums de Mathieu Reynès (1977, France) :
Banana Fight (scénario de Frédéric Brrémaud, Paquet) Lolo Bogota (scénario de Frédéric Brrémaud/Philippe Chanoinat, 3 albums, Bamboo) Sexy Gun (scénario de Frédéric Brrémaud, 2 albums, Soleil).

Site web : mathieureynes.blogspot.com
Qu'est-ce qui rend Franquin si extraordinaire ?
Pour moi c'est son inventivité et son intemporalité qui le rendent si extraordinaire. Aussi bien dans le fond que la forme. Il a créé des histoires simples mais riches et des personnages très variés, tous avec leur caractère et leur univers. Les années, les décennies même, passent et ils sont toujours présents. Ils continuent à séduire les lecteurs qui les suivent depuis le début et ceux qui les découvrent aujourd'hui.
Comment avez-vous fait connaissance avec Franquin ou ses albums ? Quels sont votre premiers souvenirs de lui ? Avez-vous eu des contacts personnels ?
C'est mon père qui a dû me faire découvrir Gaston Lagaffe quand j’étais tout petit. Il n’y a pas mieux pour les enfants : c'est amusants, plein de bêtises et d'inventions. Le dessins est on ne peut plus vivant, ça bouge, ça pête, ça explose... D'ailleurs à l’époque je ne lisais pas les textes dans les bulles mais je rigolais bien quand même !
Quel(le) est votre album, aventure, gag ou personnage préférée de Franquin et pourquoi ?
Mon album préféré je crois que c'est Idées Noires. Graphiquement c'est magnifique, la gestion du noir et blanc est originale et incroyablement subtile. Quant aux gags ils sont noirs, parfois dérangeants mais terriblement percutants et vraiment drôles !
Pourtant le gag de Franquin qui m'a le plus marqué vient de Gaston. C’est le gag où Lagaffe construit un réseau de tubes transparents à travers tous les bureaux pour que son poisson rouge se balade. Depuis que je suis gamin je rêve de faire un jour la même chose chez moi !
Franquin a-t-il influencé quelque part votre style, votre manière de travailler ?
Une fois de plus c'est quand j'étais enfant que Franquin m'inspiré le plus, j'ai décalqué et recopié des Gaston et des Spirou pendant des heures. Puis en grandissant je découverts d'autres univers et je me suis inspiré d’autres auteurs. Mais je pense qu’en recherchant mon "style" j'ai pioché à droite ou à gauche ce qui me plaisait chez l'un ou chez l'autre. Donc forcément il y a du Franquin dans mon crayon. Sans doute de plus en plus même parce qu'aujourd'hui je m'essaye au gag, il a donc fallu faire un retour aux sources en ce qui concerne la narration, le mouvement et l'écriture graphique. Délaisser mes feutres et stylos au profit du bon vieux pinceau pour tenter de retrouver ce trait rond et dynamique qui m’avait tout de suite séduit chez Franquin.
Quel est selon vous l'impact de Franquin au monde de BD présent ?
Franquin a, malgré lui, imposé des codes dans le style "gag". Il était tellement efficace que pratiquement tout ceux qui cherchent, encore aujourd'hui, à faire dans ce registre, et moi avec, s'inspirent de lui et de sa narration. Grâce aux aventures de Spirou il a aussi beaucoup influencé le genre "aventure humoristique".
Mais la BD d'aujourd'hui n'est plus essentiellement humoristique, elle traite de tous les thèmes et dans tous les styles. Polar, western, science-fiction, heroic-fantasy, intimiste, érotique... et dans ces genres là l'impact de Franquin est bien moindre que d’autres auteurs italiens, espagnols, américains ou japonais...