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Qu'est-ce
qui rend Franquin si extraordinaire ?
Ce qui rend Franquin hors-norme, c'est son univers bien
sûr. La richesse, l'exactitude et la fraîcheur de son
trait. Hergé lui-même, grand concurrent
de l'époque et sûrement ami, se trouvait moins de talent
que Franquin. C'est également sa force de travail, et sa
qualité régulière qui fait que Franquin reste
encore aujourd’hui indémodable et inoubliable. Imaginez
un peu combien il a dû souffrir des cadences de parution de
Spirou et Fantasio, série qu'il a pu assumer sans
interruption, même lorsque Gaston est apparu dans
les pages du journal de Marcinelle ! Il a assumé et plutôt
même assuré : la qualité a toujours été
au rendez-vous. Rien de bâclé, jamais un dessin vite
jeté, et même au niveau humour Franquin n'a jamais
usé de facilités. Bref un respect total du lecteur...
c’est peut-être même ce respect qui le rend extraordinaire… |
Comment
avez-vous fait connaissance avec Franquin ou ses albums ? Quels
sont votre premiers souvenirs de lui ? Avez-vous eu des contacts
personnels ?
Je n'ai malheureusement pas eu l'occasion de rencontrer
Fanquin. Mes premiers souvenirs de lui, je les dois donc à
ses planches. En l’occurrence, les planches de Modeste
et Pompon. Leurs aventures étaient diffusées
dans le journal Junior, une reprise en France, je crois,
des contenus du journal de Tintin. Ma maman avait conservé
pour moi presque tous les numéros parus depuis 1973... Je
ne les ai plus aujourd'hui, mais ma découverte de Franquin
se trouve extrêmement liée au grenier dans lequel j'allais
m’évader, et où je retrouvais les Junior
entassés dans un bidon de lessive... dont même l'odeur
me ramène à Modeste et Pompon, encore aujourd'hui. |
Quel(le)
est votre album, aventure, gag ou personnage préférée
de Franquin et pourquoi ?
Je
suis attaché sentimentalement forcément à Modeste
et Pompon, pour les raisons évoquées plus haut,
mais aussi parce qu'il s’agit de la première création
entièrement personnelle de Franquin. Reste que toute son
œuvre est intéressante, des premiers Spirou
aux dernières envolées de Gaston. Je choisirais
donc pour réunir ces deux univers l'album de Spirou et
Fantasio Panade à Champignac puisqu'il y fait
apparaître également Gaston, tout particulièrement
brillant dans Bravo les Brothers. Mais c'est un crime de
lèse-majesté que choisir un seul morceau... pour l'aventure
je pense aussi au Le Prisonnier du Bouddha, une très
belle réalisation Greg-Franquin... |
Franquin
a-t-il influencé quelque part votre style, votre manière
de travailler ?
Oui, bien sûr, Franquin fait partie des dessinateurs
qui ont généré mon envie de faire de la bande
dessinée, il a donc forcément influencé d'une
certaine manière mon univers. C'est surtout son intransigeance,
sa droiture qui m'impressionnent et m'ont appris beaucoup. Le fait
que cet homme là aie été capable de déchirer
des planches parce qu'un détail clochait remet pas mal de
choses à leur place.
Quand un truc ne sonne pas vrai dans un dessin, et qu'on n'arrive
pas à savoir quoi, ou quand on sent que ce n'est pas exactement
comme ça qu'on l’imaginait, il faut recommencer, c'est
tout bête… « cent fois sur le métier...
». Pas de mystère... |
Quel
est selon vous l'impact de Franquin au monde de BD présent
?
Franquin laisse à coup sûr un coup de plume
indélébile sur la bande dessinée actuelle.
Son style a fait école... les auteurs qui parviennent à
laisser une telle trace sont plutôt rares. |
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